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Peinture
1949
Huile sur toile, 195 x 130 cm
Appartient à l'artiste.
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En 1948, j'eus la visite à l'improviste
de James J. Sweeney, alors conservateur du Museum
of Modern Art. J'avais 28 ans, c'était le premier
conservateur de musée à entrer dans mon atelier et
à s'intéresser à mon travail ; ce contact fut à la
fois stimulant et très encourageant.
L'année suivante, la Galerie Betty Parsons
organisa l'exposition "Painted in 1949"
dans laquelle j'étais un des cinq peintres de Paris
représentés, et je reçus aussi la visite d'un jeune
américain Herman Cherry qui faisait des diapositives
pour des conférences qu'il préparait sur la peinture
en Europe. Lorsqu'il retourna à New York il accrocha
au Club des artistes l'affiche que je lui avais donnée
de l'exposition de peinture abstraite française qui
circulait dans les musées allemands depuis 1948. Cette
affiche qui reproduisait une de mes peintures fit
sans doute plus que l'exposition "Painted in
1949" qui ne rencontra que peu d'échos.
En 1950, Sidney Janis, pour l'exposition
"France-Amérique" qui eut lieu l'hiver suivant
dans sa galerie choisit à l'atelier une grande toile,
jugée plus tard, trop grande et remplacée sur sa demande
par celle qui figura à l'exposition.
Bien que la Phillips Gallery de Washington
ait acquis une peinture de 1951, le Museum of Modern
Art en 1952, le Guggenheim Museum en 1953, ce n'est
que cette même année 1953 à la suite de l'importante
exposition "Younger european painters" au
Guggenheim Museum que se sont considérablement développés
mes rapports avec New York, plus précisément avec
les collectionneurs grâce à la Galerie Kootz qui dès
cette époque montra mes peintures, cela durant douze
ans jusqu'à la retraite de Sam Kootz. J'ai eu dans
cette galerie une dizaine d'expositions personnelles.
Mais il y eut aussi dans cette période des expositions
de groupe marquantes comme "The new decade"
en 1955, choix restreint d'artistes fait par le Musem
of Modern Art où je figurai dans un ensemble de plusieurs
toiles.
Aussi quand j'allais pour la première
fois à New York en 1957 je n'y étais pas un inconnu,
j'y avais des amis, j'y rencontrai beaucoup de collections
et aussi la plupart des artistes américains du moment
: Baziotes, Brooks, Ferber, Frankenthaler, Gottlieb,
Guston, Hoffmann, Kiesler, Kline, De Kooning, Lassaw,
Liberman, Lippold, Motherwell, Nevelson, Reinhardt,
Reznick, Rothko, Steinberg, Tobey, Yunkers, etc. et
plus tard Bontecou, Indiana, Jenkins, Marcarelli,
Newmann, Rosenthal, Sander, Tony Smith, etc. L'accueil
des artistes, réticent d'abord pour certains, fut
finalement chaleureux et je me liai d'amitié avec
plusieurs d'entre eux.
N.B. Je ne mentionne que mes rapports
avec New York et non pas avec les U.S.A. car il m'aurait
fallu citer beaucoup de musées qui dès 1951 montrèrent
mes peintures dans des groupes et où plus tard j'eus
des expositions d'ensemble comme à Houston, Buffalo,
Pittsburgh, etc.
Soulages, janvier 1977
(in catalogue de l'exposition "Paris-New
York" au Centre G. Pompidou, Paris, 1977)